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Si chères autoroutes… de la finance

 

 Les usagers des quelques 9 000 kilomètres du réseau autoroutier concédé que compte notre pays n’en peuvent plus de subir un racket financier quotidien au service des actionnaires des sociétés concessionnaires. Depuis la privatisation du réseau en 2005, pour seulement 14,8 milliards d’euros, les profits issus des péages coulent à flots pour les trois groupes qui se partagent désormais le gâteau : Vinci, Eiffage et Abertis. Ce sont plus de 5 milliards d’euros qui ont été versés aux actionnaires sous forme de dividendes en seulement 6 ans !

 La politique de rentabilité de ces groupes fait régulièrement l’objet d’enquêtes, toujours plus approfondies, qui démontrent à chaque fois la véritable rente tirée de l’exploitation du bitume. La déconnexion est de plus en plus flagrante entre les tarifs supportés par les usagers et la réalité des amortissements, des investissements et des coûts d’exploitation du réseau. Ainsi, le bénéfice net par kilomètre parcouru s’est envolé de 52 % entre 2005 et 2010.

 Face à cette dérive sans précédent, il n’est pas inutile de rappeler que les autoroutes françaises font partie du domaine public de l’État, que « l’usage des autoroutes est en principe gratuit » (article L.122-4 du code de la voirie), mais que l’Etat confie à des sociétés le soin de les gérer via des délégations de service public, sous la forme de concessions accordées pour des durées très longues. Bien entendu, les sociétés concessionnaires sont liées par une convention et un cahier des charges signés avec l’État, au respect d’un certain nombre de contraintes, dont, notamment, l’application des conditions tarifaires. Au regard des dérives constatées, y compris par la Cour des Comptes, il apparaît indispensable de remettre la main sur le grisbi du lobby autoroutier.

 Malheureusement, aucune remise en cause sérieuse ne semble à l’ordre du jour. Ainsi, les tarifs de péages continuent d’augmenter à des rythmes très supérieurs à l’inflation, et sans lien avec la baisse du pouvoir d’achat des usagers. Pire, la crise accentue même les recettes et le chiffre d’affaire des groupes. D’abord, parce que les salariés, ou les demandeurs d’emploi, sont contraints de se déplacer toujours plus loin pour leur travail ou leur recherche, le plus souvent en direction des métropoles régionales desservies par le réseau autoroutier. Ensuite, parce que la déstructuration des horaires de travail, et les moyens insuffisants pour le développement des transports en commun, obligent à se reporter sur les autoroutes.

(...)

Et quel pied de nez adressé aux usagers, quand le groupe Vinci, valeur du CAC 40, annonce chaque année des bénéfices nets de près de 2 milliards d’euros, et qu’il en reverse au moins 50 % sous forme de dividendes à ses actionnaires ! Il est plus que temps pour l’Etat de revenir sur les largesses accordées aux concessionnaires. La convergence des initiatives citoyennes sur les territoires doit participer à faire bouger les lignes face aux sirènes des autoroutes… de la finance.

 

André Chassaigne,

Président du Groupe Front de Gauche à L'assemblée Nationale

Chronique publiée dans le journal La Terre.

 

 

 

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le 21 April 2013

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